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Le paradoxe de vivre : réflexions existentielles à partir d’un week-end à Pomerode

Partage d’un café à Pomerode – un moment suspendu entre générations.
Partage d’un café à Pomerode – un moment suspendu entre générations.

Une promenade simple, un regard attentif, et la question éternelle : que faisons-nous de notre vie ?

Ce week-end, j’ai visité Pomerode avec ma petite-fille. À première vue, il ne s’agissait que d’une sortie familiale, simple et agréable — marcher, déjeuner, découvrir. Pourtant, au fil de la journée, quelque chose en moi s’est mis à observer avec une attention inhabituelle.

J’ai regardé les gens. Les familles riaient autour des tables, les enfants couraient entre les boutiques d’artisanat, les adultes prenaient des photos, achetaient, mangeaient. Une scène tout à fait ordinaire, et en même temps troublante. Je me suis demandé : ces personnes vivent-elles vraiment ce moment, ou s’occupent-elles simplement de vivre ?

Cette question, à vrai dire, ne concernait pas seulement les autres. En les observant, c’est à moi-même que je pensais. Car moi aussi, je connais cette tension entre être et paraître, entre habiter ma vie et simplement la traverser. Moi aussi, je ressens parfois cette angoisse subtile : suis-je présente à ce que je vis ? Ou suis-je occupée à remplir un vide que je ne veux pas nommer ?

Ce regard intérieur m’a naturellement conduite à quelques voix philosophiques qui m’accompagnent depuis longtemps.

Martin Heidegger, dans Être et Temps, nous parle de l’être-au-monde (Dasein) — un être souvent absorbé par un quotidien inauthentique, trop occupé pour se confronter à sa propre finitude. Pour lui, la vraie authenticité réside dans la capacité à affronter l’angoisse existentielle, au lieu de la fuir.

Viktor Frankl, quant à lui, affirme que ce n’est ni le plaisir ni le pouvoir qui donnent sens à la vie, mais la recherche d’un sens personnel. Dans un monde saturé de distractions, il nous rappelle que le vide existentiel ne peut être comblé que par une intention intérieure, par un engagement qui dépasse le simple fait de consommer.

Et enfin, Simone Weil, dont les mots murmurent à l’oreille de l’âme : “L’attention est la forme la plus rare et la plus pure de la générosité.” C’est peut-être cela que j’ai ressenti ce jour-là : une attention pleine, silencieuse, tournée vers l’autre et vers moi-même — une forme d’amour sans nom.

Pomerode fut, ce jour-là, bien plus qu’une destination touristique. Ce fut un miroir. Un espace où le monde extérieur m’a permis d’accueillir une question intérieure. J’ai compris que, même dans les moments les plus simples, il est possible de philosopher.

Il suffit de regarder avec un regard qui pense et d’écouter avec un cœur éveillé.

Texte : Carmem Farage – Psychologue, écrivaine et fondatrice de l’Institut Lumni. Exploratrice de la conscience humaine et de ses mystères.

 
 
 

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